Le réemploi ! Une démarche gagnante - Mardi 31 mai 2022

Un thème majeur dont il faut aujourd’hui se saisir au regard des impacts du changement climatique qui induisent une modification de nos pratiques et des façons de penser l’architecture. Guillaume Carbou, Maître de conférence en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Bordeaux et membre de l’Atécopol, groupe de recherche interdisciplinaire sur les enjeux écologiques à l’Université de Toulouse a ainsi souligné la nécessité d’opérer un virage culturel inévitable afin de ralentir ce processus.

Bénédicte Fourquet, Directrice du Syndicat départemental des déchets a élargi le débat du réemploi, au contexte plus vaste de la politique des déchets, et plus particulièrement en Tarn-et-Garonne. Les nouvelles réglementations en vigueur au sein des déchetteries conduisent ces acteurs à repenser ces lieux, la collecte des déchets et leur valorisation, afin de réduire l’emprunte Carbonne des déchets.

En effet, sachant qu’un habitant jette en moyenne plus de 500 Kg de déchets chaque année, le calcul à l’échelle nationale est alarmant avec un total de 323 millions de tonnes de déchets produits par an, soit environ 10 tonnes par seconde. Ceci dit, des mesures sont en cours pour organiser une filière autour du réemploi de matériaux qui ne seraient, non plus considérés comme des déchets, mais comme une ressource réutilisable.

Sandrine Butron, Ingénieure GC et conseillère en démarche réemploi de l’Agence Cambià et Julie Verrecchia, cheffe de projet économie circulaire et réemploi des matériaux à Envirobat ont d’ailleurs apporté des précisions sur l’importance d’accompagner la maîtrise d’ouvrage pour lever les freins liés à l’assurance et autres bureaux de contrôle, ainsi que des éclaircissements quant à la notion de réemploi.

Dans la logique vertueuse du réemploi, les matériaux s’affranchissent du statut de déchets puisqu’ils sont d’emblée destinés à être réemployés selon leur fonction première. Un lavabo, un WC ou une fenêtre auront ainsi les mêmes fonctions et destinations. Dans une logique de recyclage, les matériaux impropres à la réutilisation transiteront par la case «déchets» pour être transformés, comme ce peut être le cas pour des briques abîmées par exemple.

Ainsi, une multitude de matériaux peuvent donc être réutilisés chaque année dans la construction, comme l’a expliqué Fabien Bergès, chef d’entreprise dans la démolition et la revente de matériaux à Auvillar. L’enjeu du réemploi réside ainsi, d’une part dans la capacité à stocker les matériaux issus de déconstructions et non plus de simples démolitions ; et d’autre part dans la valorisation de l’artisanat et la création d’emplois locaux.

Morgan Moinet, Directeur du Bureaux d’études Remix, a également témoigné des opportunités économiques induites par l’activité de réemploi car «déconstruire un bâtiment, récupérer des boiseries en chêne massif du XVIIème siècle par exemple, pour recréer un parquet dans un bâtiment neuf, mobilise d’une part le savoir-faire et les compétences de menuisiers impliqués dans ce travail, réduit considérablement les coûts en comparaison avec le coût de l’acquisition d’un parquet de ce type neuf et possède d’autre part une performance équivalente si ce n’est supérieure au regard du matériaux lui-même.»

Le réemploi, démarche innovante et pertinente a conduit plusieurs d’architectes présents à interroger ce jeune directeur sur les procédés concrets de mise en œuvre de telles opérations, à l’instar de la Maison du projet Morland et de La Grande Halle de Colombelle de l’agence d’architecture Encore Heureux ou de la scénographie du Palais éphémère de la Découverte par les designers Prémices and co. Le public d’élus et d’architectes ont également questionné le BE Remix sur les freins culturels existants auprès des assureurs et autres bureaux de contrôle. S’engager dans cette démarche nécessite un échange avec ces interlocuteurs et une réflexion bien en amont du projet, afin de respecter les normes applicables aux matériaux réemployés et donc de les « déposer » et « reposer » dans de parfaites conditions. 

Puis, le doctorant en sociologie Maxence Mautray a présenté le résultat d’une enquête sur le fonctionnement d’une déchetterie nommée « Smicval Market » située à Vayres en Gironde et sur la place de l’habitat dans les pratiques sociales des déchets, l’implantation des zones de réemploi dans les déchetteries et leurs impacts sur les usages et représentations des habitants.

Enfin, le sociologue Olivier Chadouin, Professeur de sociologie à ENSAP Bordeaux, Directeur de PAVE – Centre Emile Durkheim, CNRS a clôturé cette journée en réinterrogeant nos représentations et nos rapports sociaux dans l’acte de construire qui sont transformés. De nouvelles manières de vivre émergent, de nouvelles contraintes liées aux impacts environnementaux aussi et de nouvelles philosophies se mettent en œuvre aujourd’hui en partie, et demain inévitablement

Le CAUE, qui a pour rôle de conseiller les acteurs dans l’acte de construire est aussi un maillon de la chaîne du réemploi afin de porter à connaissance ces pratiques vertueuses pour notre planète et profitables à l’architecture, l’artisanat et l’économie locale et circulaire. 

 

Le réemploi ! Une démarche gagnante - Mardi 31 mai 2022

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