Le Bas-Armagnac, ou Armagnac Noir correspond
à l’extrémité Nord-Ouest de l’éventail gascon.
- ARMAGNAC, parce que terroir viticole historique, terre de prédilection pour l’élaboration des «eaux de vie d’Armagnac»,
- BAS par ses faibles altitudes, son relief atténué aux molles ondulations et ses horizons confinés.
- NOIR enfin, par les sombres frondaisons des masses boisées qui ferment l’horizon et couvrent une large partie du territoire.
Il forme en fait un sous-éventail qui prend naissance sur les hauteurs astaracaises et vient se dissoudre en territoire Landais. C’est un vaste plateau, coincé entre le coude de l’Adour et le tracé Nord-Sud imperturbable de l’Osse, découpé par une série de cours d’eau : le Midour, la Douze, l’Auzoue, l’Izaute. Au contact des Landes, tandis que les coteaux se fondent dans les sables, ces rivières armagnacaises divergent pour rejoindre soit l’Adour soit la Garonne. Ce terroir est tout entier un pays de contact entre la plate Gascogne landaise et la Gascogne gersoise bossue.
Le sous-sol sableux en fait un terroir contraignant où la nature occupe une place importante. Végétation vigoureuse, étangs secrets, ravines et chemins creux mystérieux, la nature regorge de générosité. Une architecture, très hétéroclyte, parfois fantaisiste, ajoute à l’originalité de ce terroir et s’exprime pleinement dans le charme des maisons à colombages au torchis et aux enduits de sable fauve.

Vignoble et petite ravine occupée par les bois : paysage typique de ce bas-armagnac sableux.

 


Le Bas-Armagnac se révèle moins “polycole“ que les autres terroirs gersois.Il offre des paysages «verdoyants», le vert des prairies qui occupent encore une place importante, le vert des parcelles de vigne d’où sont issues les prestigieuses eaux de vie, le vert du maïs, principale culture aujourd’hui, et surtout le vert sombre des masses boisées.

« Retraite ombreuse », « solitude champêtre », sont autant de qualificatifs pour désigner cet Armagnac Noir, boisé et secret. La forêt et les bois occupent ici une place plus grande qu’ailleurs. Cette végétation participe au confinement de la région, atténue d’avantage la perception du modelé. Elle occupe les dépressions du relief, domine de quelques mètres les routes encaissées, colonise les landes, s’étend dans les bas-fonds. Abri d’une faune et d’une flore diversifiées, elle recèle quelques milieux naturels remarquables (étangs) et reste le théâtre d’importantes traditions.
Pendant longtemps, les forêts ont également offert aux hommes le matériau de base pour leur habitation mais aussi le Chêne utilisé dans la tonnellerie pour les eaux de vie d’Armagnac.

L’habitat qui pourrait paraître plus groupé qu’ailleurs, est simplement plus concentré sur les hauteurs. Fermes, maisons, villages s’égrainent, sur les plateaux, le long de routes qui suivent les coteaux ou nichent, isolés, sur les collines évitant soigneusement les basses terres. L’omniprésence des bois, atténue l’empreinte du bâti dans le paysage et dissimule un patrimoine bâti d’une extraordinaire hétérogénéité, méconnue et sous-estimé. Plus discret , le patrimoine est aussi plus dégradé. Il a souffert et souffre encore d’un déclin démographique et économique que rien ne semble enrayer et de la moindre résistance des matériaux.
À l’écart des grandes routes et des principaux centres urbains, le Bas-Armagnac est un pays qui s’endort et vieillit. Dans ce territoire enclavé, Eauze, Nogaro et Cazaubon, dominent un réseau dense de villages délaissés et une campagne aux terres parfois ingrates où la nature généreuse reprend ses droits au fur et à mesure que l’homme l’abandonne.